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    La souris de laboratoire, bonne à tout faire ou presque

    La souris de laboratoire, une popularité à bout de soufflePendant des centaines d’années, l’homme a considéré Mus musculus la petite souris comme un fléau parce qu’elle pillait impunément ses réserves de blé et  profitait sans vergogne du fruit de son labeur et de son gage de survie.

    Mais depuis un siècle, la situation s’est radicalement inversée et la petite souris est  remontée dans notre estime. Car nous avons trouvé comment exploiter ses prédispositions génétiques à nous ressembler en les mettant à notre service. Notre petite amie est devenue une alliée précieuse en investissant les laboratoires de recherche et en se donnant  à corps perdu pour servir notre cause.

    La souris de laboratoire est née fortuitement dans une grange du Massachussetts, celle d’Abbie Lathrop. Revenue dans la ferme familiale en 1900, cette ancienne institutrice se lance dans l’élevage de souris de compagnie. Elle croise ses petits pensionnaires avec passion, mais découvre bientôt que ses rejetons présentent des grosseurs suspectes.  Abbie demande donc l’avis d’un chercheur réputé de l’université de Pennsylvanie, Léo Loreb, qui diagnostique des tumeurs cancéreuses.

    La souris de laboratoire, une popularité à bout de soufflePressentant le formidable potentiel  expérimental de ces pensionnaires et la possibilité d’un modèle pour étudier les pathologies humaines, le médecin propose à Abbie une association. Lui fournir des sujets d’expérience et, en échange, cosigner les articles publiés à la suite de leurs observations.

    Bientôt, de plus en plus de chercheurs affluent à la grange aux  « dix mille museaux » pour se fournir en matière première, dont Clark Little qui créera en 1929 le Jackson Laboratory, institut phare jusqu’à nos jours de la recherche sur la souris.

    Au zénith de sa popularité, adulée par les chercheurs et considérée comme un « outil extraordinaire », la petite souris suscite l’engouement. Peu encombrantes, silencieuses et bon marché, se reproduisant vite et vieillissant vite, des générations de petites souris se prêtent à perte et sans compter à toutes les manipulations et expérimentations possibles, y compris et surtout génétiques.

    Mais si la souris permet de faire avancer la recherche fondamentale en couvrant au passage les instituts de Prix Nobel, il s’avère qu’elle n’est pas en mesure de sauver autant de vies humaines qu’on l’espérait. Selon Clifton Barry du NIH, le traitement de la tuberculose multi-résistante testé préalablement sur le modèle murin est resté sans effet sur les humains, et pire, selon Jean-Marc Cavaillon de l’Institut Pasteur, les molécules testées avec succès sur la souris pour soigner les chocs septiques ont envoyé certains patients humains en réanimation, d’autres à la morgue.

    La souris de laboratoire, une popularité à bout de souffleEt l’on en vient à bouder le petit rongeur, comme s’il était responsable de ces échecs. Inconsciemment, on lui en veut de ne pas être un modèle tout à fait conforme à la nature humaine. Ses différences génétiques, rendues responsables de sa « défaillance » et de son incapacité à soigner certaines pathologies humaines, sont brusquement montrées du doigt et vécues comme une trahison. Les souris de laboratoire ne seraient donc pas à la hauteur des espoirs que l’on avait placés en elles.

    Mais « sans animaux modèles, même défaillants, nous courons à la catastrophe » fait remarquer Jean-Marc Cavaillon. Les souris ne sont donc pas prêtes de quitter la paillasse des laboratoires. Une autre idée traverse alors l’esprit du chercheur et celui de son collègue et binôme américain Shaw Warren. Et si, au lieu de de faire preuve d’ingratitude envers le petit rongeur en fustigeant ses différences comme un défaut ou une malédiction, nous nous intéressions à elles ? La souris possède, en effet, une résistance aux bactéries cent mille fois supérieure à celle des humains. Plutôt que de passer notre temps à « l’humaniser » génétiquement et à lui infliger nos pathologies humaines, pourquoi n’essaierions-nous pas de nous inspirer de ses qualités propres pour lui ressembler au contraire ?

    Pouvoir  lui rendre cet hommage serait une belle façon de lui témoigner notre reconnaissance.

    La souris de laboratoire, une popularité à bout de souffle

    Sources :

    http://fr.wikipedia.org/

    http://www.lemonde.fr/

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