A vos poules, prêts partez !
C’est un fait avéré, la poule est devenue une coqueluche urbaine. Pouvant être considérée comme un nouvel animal de compagnie, la poule investit les jardins citadins non pas pour passer à la casserole mais bien pour renouer des liens revigorants avec la nature…sans oublier bien sûr de récolter ses œufs précieux.
Preuve en est l’affluence massive de la gente gallinacée de toute plume et de tout acabit qui caquète désormais à longueur de temps dans nos jardineries, et dont le succès ne se dément pas.
Atteints du syndrome de la reine Marie-Antoinette, nos concitoyens rêvent obscurément de jouer à la ferme. Il est désormais de bon ton de prendre sous son aile une (ou deux, c’est mieux) poule qui picore élégamment son grain dans nos allées herbues.
Picorer, c’est vite dit, car l’appétit de la poule est loin d’être menu. Douée en fait d’une capacité rabelaisienne à ingurgiter tout sur son passage, la poule ne se contente pas de son grain. Vorace et omnivore, elle accepte volontiers d’enrichir son menu des restes et déchets de notre table.
Connue et appréciée depuis des siècles dans nos campagnes, cette « qualité » est redécouverte par la Ville, qui prend cette capacité très au sérieux. Au point de vouloir l’exploiter et la mettre à son service…
A elle seule, une poule est en effet capable d’absorber, en plus de son grain, l’équivalent de cent cinquante kilos de nos déchets alimentaires par an. Les calculs sont vite faits par les services de la Ville qui voit en notre gallinacée un moyen inédit mais efficace d’assainir ses finances en même temps que la voie publique.
Versailles a décidé de rejoindre la course à la réduction des déchets en proposant de distribuer aux particuliers de l’Agglomération Versailles Grand Parc deux cents couples de poules pour l’année 2016. S’inscrivant dans le cadre du PLP (programme local de prévention des déchets), et subventionnée par l’Ademe, cette « opération poules » compte bien détourner cette année pas moins de soixante tonnes de déchets de la collecte et de l’incinération.
Les 2 et 3 avril dernier, au 6 avenue de Paris à Versailles, un couple composé d’une poule rousse et d’une poule noire cuivrée a donc été proposé à la vente pour la modique somme de dix euros, quinze euros étant pris en charge par l’Agglomération.
Quatre vingt-dix familles ont répondu à l’appel et sont reparties leurs poules sous le bras, aussi une seconde distribution est prévue le 28 mai prochain. A cette date, seront proposées en plus des poules rousses et noires cuivrées, des poules de Houdan.
Pour la somme de trente-cinq euros, vous pourrez acquérir et soutenir une espèce menacée originaire des Yvelines très ancienne, déjà présente au XIVeme siècle et qui ne doit son salut qu’à des éleveurs passionnés. Sa huppe et sa barbe bouffantes, le caillouté blanc de sa robe noire et ses pattes à cinq doigts lui confèrent une originalité d’allure qui ne laisse pas indifférent. Elle compense sa ponte moyenne… et ne l’empêche pas d’être aussi vorace que ses congénères plus « communes».
Toutefois, pour pouvoir bénéficier civiquement de ces poules à prix réduits, il faut répondre à certains critères. Avant tout, il faut habiter l’une des dix-neuf communes de l’Agglomération Versailles Grand Parc. Ensuite, il faut posséder un jardin individuel et aménager un poulailler (on peut bénéficier d’un tarif préférentiel si l’on s’adresse à la société Farmili, la jeune start-up française qui a déjà fourni les poules). Enfin, il faut s’engager à prendre soin des poules, à peser et noter consciencieusement les rations de déchets qui leur sont donnés, et signer la convention. Quant aux déchets journaliers proposés à vos cocottes, ils seront tout de même triés sur le volet : salades, fanes de carottes et de radis, épluchures fines (proscrire celles de banane ou d’agrume), pâtes et riz cuits, pain, poisson, coquilles d’œuf et d’huître, en plus de leur indispensable grain quotidien.
Poule au pot, poule d’ornement ou poule citoyenne, la poule nous suit partout et nous ne pouvons décidément pas nous passer d’elle. De la basse-cour à la cité, la cocotte n’a pas fini de nous surprendre et de faire parler d’elle à nos côtés…
Sources :
http://www.lemonde.fr/
http://www.versaillesgrandparc.fr/
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