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    L’Archachatina marginata, un escargot terrestre géant de bonne compagnie

    L'Archachatina marginata, un escargot terrestre géant de bonne compagnieJe fais partie de ceux et celles qui, dès leur plus tendre enfance, ont voué une tendresse particulière aux habitants cornus et coquillés de nos vertes campagnes. Fascinée par le mystère de leur coquille lavée par la pluie, ne me lassant pas de toucher leurs tentacules rétractiles ni même de sentir le contact humide de leur pied glissant sur ma main, j’ai vécu longtemps au pays des petits-gris et des escargots des jardins.

    Quelle ne fût pas ma stupéfaction de découvrir, il y a peu, qu’il existait des escargots terrestres géants, et qu’on les trouvait en vente sur internet comme animaux de compagnie ! A mi-chemin entre l’excitation d’un enfant qui voit la réalisation de son vœu le plus cher, et la réserve qu’inspire les dimensions monstrueuses de l’animal, mon imagination est ébranlée par la découverte de ce mastodonte cornu. Très éloigné de nos gracieux et graciles spécimens, cette énormité suscite engouement et répulsion mêlés. Ce grand baveux et gluant n’est pas sans évoquer pour moi les escargots géants mangeurs d’homme qui, dans je ne sais plus quelle nouvelle anglaise, traquent lentement mais inexorablement leur proie humaine prisonnière sur une île…

    L'Archachatina marginata, un escargot terrestre géant de bonne compagnie L'Archachatina marginata, un escargot terrestre géant de bonne compagnie

    L'Archachatina marginata, un escargot terrestre géant de bonne compagnie

    L’Archachatina marginata est un géant d’Afrique qui possède une jolie coquille allongée pouvant atteindre 20 centimètres de long pour 15 centimètres de large dans la nature. La variété la plus claire possède un pied d’une belle couleur ivoire ou « vanille »(variété « albinos »), tandis que la variété « ovum » possède une peau brune, dont les teintes se déclinent du caramel au chocolat noir. Par ailleurs, lorsque notre géant est dérangé ou inquiété, il expulse bruyamment l’air emmagasiné dans sa coquille, à la manière d’un bus ou d’un camion délestant ses circuits à l’arrêt, pour dérouter le visiteur importun. Les sens du toucher, du goût et de l’odorat sont très développés chez notre escargot, permettant ainsi de compenser la faiblesse de la vue et l’absence d’ouïe.

    Notre géant étant vorace par nature, c’est donc un vrai plaisir de le nourrir en captivité. Son menu se composera de divers fruits et légumes, et pas seulement de la laitue qui a nourri des générations d’escargots en captivité : pomme, poire (sans les pépins), banane, prune (sans le noyau), mangue, kiwi, haricot vert, endive, courgette, carotte, tomate, concombre, poivron, pomme de terre, patate douce… Saupoudrées sur les aliments frais ou données directement à la cuillère, des farines de céréales ou de légumes secs peuvent être proposées en complément : il en raffole. Toutefois, le but n’étant pas de l’engraisser comme en héliciculture, il est préférable de doser les apports en farines, si commodes soient-ils. On peut aussi lui proposer un os de seiche ou de la coquille d’œuf  sous sa forme entière ou réduite en poudre, pour lui fournir le calcium dont il a besoin pour fabriquer sa coquille. Ce compagnon étant nocturne, il vaut mieux lui servir sa ration le soir sous peine de voir les fruits et légumes progressivement perdre leur fraîcheur au cours de la journée. Ne pas oublier de lui proposer également une écuelle d’eau, remplie juste assez pour se désaltérer ou se baigner, sans pour autant se noyer.

     L'Archachatina marginata, un escargot terrestre géant de bonne compagnieSon habitat est relativement simple à mettre en place. Un aquarium reconverti (avec, en guise de couvercle, un cadre en bois sur lequel est fixé un grillage très fin) ou un terrarium sont parfaits, mais une caisse de rangement en plastique fera tout aussi bien l’affaire. Pensez seulement à percer des trous dans le couvercle pour permettre à votre protégé de respirer, sans pour autant permettre aux bébés éventuels de s’évader. Tapissez le fond de l’habitat avec 5 centimètres de tourbe blonde, que vous pouvez recouvrir ou non de sphaigne pour préserver l’humidité. C’est un animal qui aime se cacher, un abri en bois non traité ou en plastique est le bienvenu. Notre escargot étant tropical, il a besoin de chaleur et d’humidité. Toute la difficulté est d’entretenir l’humidité sans provoquer l’apparition de moisissures et la prolifération des bactéries. Il ne faut donc jamais arroser, mais plutôt utiliser un vaporisateur à plantes pour projeter de très fines gouttelettes d’eau plusieurs fois par jour. On peut également remuer la tourbe de temps en temps pour l’aérer. Retirer les excréments et les déchets alimentaires, et nettoyer les parois de l’escargotière sont des gestes simples à accomplir quotidiennement pour assurer de bonnes conditions d’hygiène à notre pensionnaire. Pour ce locataire tropical, une température quotidienne de 26 à 28°C est vivement recommandée (en dessous de 18°C, il entre en hibernation). Pour lui assurer la chaleur dont il a besoin, placer un câble ou un tapis chauffant (articles d’aquariophilie) sous son habitat en réglant la température sur 26 à 28°C est une solution plus fiable que de placer son terrarium contre un radiateur.

    L'Archachatina marginata, un escargot terrestre géant de bonne compagnie

    Si vous désirez agrandir la famille, un minimum de deux Archachatina est nécessaire ; en effet, les escargots sont hermaphrodites, mais ne peuvent pas s’autoféconder. Une fois l’acte sexuel consommé (plusieurs heures), chaque escargot va pondre dans la terre, un naissain de 3 à 16 énormes œufs jaunes ou blancs de 20 millimètres de long. Obtenir des pontes n’est pas un exploit en soi, mais parvenir à faire éclore les oeufs semble beaucoup plus délicat en revanche. Il semble que plusieurs paramètres sont à prendre en compte, avec un point d’équilibre difficile à obtenir : forte humidité du terreau dans lequel sont enfouis les oeufs, température élevée du terreau lui-même (23°C minimum) et enfin, les oeufs eux-mêmes qu’il ne faudrait pas retourner en les déplaçant.

    Si le cœur vous en dit, et que vous souhaitez vous lancer dans le compagnonnage avec ce doux géant, sachez que les ventes se font plutôt sur internet, de particulier à particulier, que dans les animaleries (du moins en France). Il faut compter 40 euros pour les plus gros spécimens et une dizaine d’euros environ pour les plus jeunes. Leur espérance de vie est de quatre à cinq ans en moyenne en captivité.

    En Afrique de l’Ouest, les autochtones entretiennent une relation toute autre avec l’Archachatina marginata, mais non moins forte. Dans ces régions où la malnutrition est monnaie courante, cet escargot représente une manne providentielle et salvatrice. Extrêmement nutritif avec ses 40% de protéines, ses nombreux acides aminés et sa richesse en fer, calcium, phosphore et magnésium, il a été ramassé pendant des décennies et s’est raréfié peu à peu de manière préoccupante. Il est dorénavant indispensable pour la population locale d’en pratiquer  l’élevage et de le maîtriser avec succès. Car contrairement à sa proche parente  l’Achatina fulica qui pullule mais est fort caoutchouteuse en consistance, notre Archachatina marginata possède une saveur recherchée et n’est pas nuisible. En raison du très petit nombre d’œufs par naissain, l’Archachatina ne représente pas un danger pour les cultures ni même un risque d’invasion comme ce fut le cas pour l’Achatina fulica à Miami en 2012. Souhaitons donc sa multiplication prochaine pour le bien de beaucoup…

    L'Archachatina marginata, un escargot terrestre géant de bonne compagnie

    Sources :

    http://www.pratique.fr/

    http://www.tropicultura.org/

    http://www.leparisien.fr/

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