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    « Les Insectes passent à table », ou l’esprit de famille

    "Les insectes passent à table", ou l'esprit de familleSi petits que l’on peut la plupart du temps les balayer d’un simple revers de main ou les écraser d’un seul geste, les insectes peuvent souvent passer inaperçus et compter pour quantité négligeable. Or il n’en est rien, puisque ces petites bêtes représentent à elles seules plus de la moitié des êtres vivants de notre planète, bactéries comprises. Loin d’être aussi insignifiante qu’on le croit, la gente segmentée à antennes et à six pattes mérite vraiment le détour.

    C’est bien un détour que l’on doit faire pour pénétrer dans l’univers de l’exposition intitulée « les insectes passent à table » que l’on peut voir actuellement au Muséum d’Histoire naturelle à Paris. Ce n’est pas dans la grande Galerie de l’Evolution que l’exposition a pris ses quartiers, mais dans le petit Cabinet d’Histoire, niché dans un méandre du jardin des Plantes. Cette exposition n’est pas un passage obligé. Elle affiche d’emblée son caractère familial, puisqu’elle ne peut accueillir beaucoup de monde à la fois. Deux petites salles communicantes aux dimensions somme toute modestes attendent les promeneurs qui ont le temps de faire ce détour, les enfants qui comme chacun sait ont une affinité particulière avec les insectes, et les passionnés.

    "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille

    Les murs de cette exposition intimiste ressemblent aux pages échappées d’un album rempli de photos de famille, mais d’un album qui serait en trois dimensions. Sur la verticalité des murs combinée avec l’horizontalité des tablettes, les portraits cohabitent avec les photos de groupe d’une manière tout particulière, puisque les collections naturalisées, déjà  en trois dimensions par nature, sont mises en relief au sens propre du terme en étant placées en avant par rapport aux légendes et aux gros plans plaqués contre le mur. Des modèles  grossis des différents appendices buccaux accrochés sur les murs viennent parfaire cette conception en trois dimensions.

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    Cet album de famille s’inscrit non seulement dans l’espace, mais également dans le temps, puisque des fossiles de libellules vieux de trois cent millions d’années viennent côtoyer les insectes d’aujourd’hui, et que leur avenir ainsi que leur utilité future sont envisagés. Passé, présent et futur s’interpénètrent et s’éclairent mutuellement en dessinant leur évolution.

    "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille

    Le but de cette exposition est de montrer la diversité du monde des insectes. Mais appréhender cette multiplicité représente un véritable défi ; pour éviter la confusion, et en même temps assouvir son désir incompressible d’ordonner le vivant, l’homme a recours à ce qu’il affectionne particulièrement, la nomenclature ou classification d’espèces. L’exposition est donc aussi un catalogue de familles d’insectes, où les Coléoptères (scarabées, coccinelles et hannetons), Lépidoptères (papillons), Diptères (mouches, moucherons et moustiques) et autres Hyménoptères (abeilles, guêpes, bourdons et fourmis) ne se mélangent pas, chaque famille étant soigneusement renfermée et épinglée dans son cadre.

    "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille

    "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille

    Mais ces familles composées selon les principes de Linné ne sont plus figées dans l’espace et dans le temps. Elles sont même dépoussiérées, décomposées et recomposées autour d’un fil directeur qui est celui de la nourriture. Proies très convoitées, les insectes doivent élaborer des stratégies pour éviter d’être mangés. Colonisant à peu près tous les milieux, ils doivent être capables de se nourrir de tout ce qu’ils trouvent et d’adopter les régimes alimentaires les plus extrêmes qui soient. C’est ainsi que nos familles d’insectes vont briser leur belle ordonnance en quittant leurs cadres respectifs pour se rencontrer, se mélanger et se trouver des affinités nouvelles. Désormais nous parlons d’insectes « broyeurs », « suceurs », « lécheurs » ou « piqueurs » (ou combinés) selon la configuration de leurs appendices buccaux. Ces nouvelles familles en déterminent d’autres, comme celles des « coprophages », « phytophages », « xylophages » ou « nécrophages » selon que les insectes se nourrissent d’excréments, de végétaux, de bois ou de cadavres en décomposition.

    Dans ces familles recomposées et réconciliées, un Coléoptère peut côtoyer un Diptère ou un Hyménoptère en toute simplicité, sans déchoir, comme le suggère le panneau ludique qui se trouve en deuxième partie d’exposition.

    "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille

    "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille

    Une dernière famille recomposée s’offre à notre regard en fin de parcours, celle des insectes « comestibles »… eh oui, dans certaines cultures en Afrique, en Asie ou en Amérique Latine, les insectes se retrouvent dans nos assiettes. Très riches en protéines et nutriments tout en étant pauvres en graisses, il se peut même qu’à l’avenir, ils fassent partie intégrante de nos menus quotidiens…

    "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille

    Mine de rien, cette exposition à l’esprit de famille tient ses promesses. Nous sommes finalement confrontés à une quantité foisonnante de spécimens et de familles entomologiques qui n’a d’égal que le nombre tout aussi impressionnant d’experts ayant participé à l’élaboration de l’exposition. La cohésion de la grande famille des insectes sort étonnamment grandie de la brisure des cadres devenus trop étroits. Cet habile jeu de désassemblages et d’assemblages successifs incarné par quelques unes des très riches collections entomologiques du Muséum lui-même nous invite à penser que ces drôles de petites bêtes ne sont pas épinglées par l’homme une fois pour toutes et qu’elles sont encore capables de nous surprendre.

    "Les insectes passent à table", ou l'esprit de famille

    Source : Christine

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